Lutter contre les nitrates et les algues vertes

Question
je voudrais savoir comment supprimer les nitrates. J'ai mis du Bionitratex depuis une semaine, pas de résultats... De plus les algues vertes continuent de proliférer.

Réponse
Les nitrates sont le résultat de la première dégradation bactérienne des déchets d'origine organique dans le cycle de l'azote. Les nitrates sont impropres à la conservation des animaux invertébrés qui sont sensibles à des concentrations faibles. Dans nos aquariums récifaux nous disposons de deux moyens pour lutter contre un taux de nitrates trop important :

1. L’épuration biologique
2. … Eviter d’en générer de trop…
3. (Oui un 3, mais un petit 3 :-) la capture ‘chimique’

Commençons par le commencement, le point 2, éviter de générer des nitrates :

a) Ne pas en introduire. Cela passe par les règles suivantes :

• Lors des changements d’eau ou la complétion du niveau : Utilisation d’eau sans nitrates (osmosée ou minérale en bouteille selon le volume de l’aquarium),
• Réduire les ajouts et supprimer ceux non indispensables (oligo-éléments, planctons),
• Alimenter avec les justes doses les animaux (ne pas les affamer mais pas de nourriture excédentaire qui en se dégradant se transforment en nitrates),
• Eviter à tout prix la surpopulation des animaux de grande taille (en bref très peu de poissons pour réduire la production).

b) Retirer les débris et déchets organiques avant dégradation :

• Utiliser une filtration mécanique (décantation, filtre externe, écumeur, filtre sur pompe de brassage lors des ‘tempêtes’). Cette filtration mécanique ne doit pas générer de nitrates aussi il faut prendre soin de changer le perlon de captation chaque semaine et bannir les masses filtrantes que sont les ‘nouilles céramiques’, ‘bio-balles’, etc. pour ne pas dégrader biologiquement les particules capturées.
  
• Faire des changements d’eau après les tempêtes ou lors du clochage des sédiments.

Une bonne filtration mécanique évite la saturation de l’activité de dégradation biologique naturelle mais celle-ci est la base du système d’épuration de l’aquarium récifal. Voyons donc le point 1, le plus important (vous suivez ? :-) l’épuration biologique.
Dans nos aquariums, l’épuration biologique dénitrifiante se situe principalement à deux niveaux : Les bactéries dénitrifiantes des pierres vivantes (et du sable vivant) , les algues sous leurs diverses formes (inférieures, supérieures, animaux zooxanthellés).

a) Les bactéries dénitrifiantes sont présentes naturellement dans les pierres vivantes de bonne qualité, elles se multiplient spontanément dans les couches de sable d’épaisseur suffisante. Les facteurs à considérer sont :

• La quantité de pierres vivantes (20% du volume de l’aquarium),
• La qualité de ces dernières (débris coralliens d’origine Indonésie, Fidji),
• Les conditions environnementales : Température (optimum à 27°C), brassage (suffisant pour apporter les échanges de surface), salinité constante, éclairage (pour la nitrification de surface),
  
• Les petits animaux détritivores préparant (ou démarrant) le cycle : Gastéropodes, Bernard l'ermite, vers polychètes errants, copépodes, amphipodes, etc.

Les colonies bactériennes peuvent être ‘dopées’ par un ajout de glucose (sucre) ou d’alcool (méthode ‘vodka’) ou encore par des substances telles le BioNitratEx de JBL. Je ne suis pas trop favorable à ce type de manipulations aux effets difficilement contrôlables. D’autre part l’additif de JBL n’est pas spécifiquement dédié au marin et des précautions d’utilisations particulières concernant ce milieu sont spécifiées par le constructeur. Je ne conseillerai pas vraiment ces apports à l'amateur ne possédant pas une solide expérience car les effets peuvent brutalement dériver puis entrainer une situation critique.

b) Les plantes inférieures, généralement considérées comme une plaie, sont en fait un bon début pour éliminer l’eutrophisation des premiers jours. Ce bloom algal est éliminé par un élagage manuel (brossage puis filtrage ‘chaussette’ sur une pompe de brassage) et aussi par les petits animaux herbivores, précieux auxiliaires que sont les gastéropodes, bernards l'ermite, oursins, crabes [Mithrax].

c) Les plantes supérieures, comme les Caulerpa supplantent les algues inférieures rapidement. Elles sont préférables à ces dernières car plus facilement élaguées et retirées du bac. Dans un grand aquarium (de volume supérieur à 300 litres) un poisson chirurgien les contiendra ultérieurement mais seul l’élagage permet l’exportation direct des nitrates. Les conditions d'environnement favorables à la croissance des algues sont principalement conditionnées par l'éclairage. A terme les algues seront indésirables car elles concurrenceront le terrain des invertébrés fixés et disparaitront généralement totalement de l'aquarium mature.

Enfin troisième point, les armes chimiques. Elles ne seront utilisées que dans les cas où la situation semble désespérée. On trouve facilement de telles résines qui seront placées temporairement dans un filtre externe pour redresser la situation sans s'attaquer à la véritable cause. Un charbon actif d'excellente qualité (à usage récifal et garanti sans phosphates) utilisé périodiquement permet de retirer les composants phénolés décelés par le jaunissement de l'eau.

Voilà, il reste à appliquer tout cela avec patience et ne pas essayer de ‘bruler’ les étapes qui demandent, selon les configurations d’aquarium, un temps plus ou moins long pour que les équilibres physiques et biologiques s’établissent. Le taux final recherché dépends aussi du biotiope recherché et un aquarium abritant des coraux mous acceptera un plus fort taux de nitrates (jusqu'à 20 mg/l) que celui destiné à la maintenance de coraux durs (SPS principalement qui demandent moins de 5 mg/l).